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Voitures autonomes, iA, cloud :

l'Europe à la croisée des chemins.

BY / F.D. / 5 MINUTE READ

Innovation

  • Collab.

  • Innover avec des accords intelligents 

Cet article fait suite à nos précédents articles (Waymo et Uber révolutionnent la mobilitéet et Relâcher les normes pour accélérer l’innovation qui traitaient des avancées de Waymo et Uber aux Etats Unis et des normes lourdes qui freinent l’innovation en Europe.

Momenta, un stratégie intéressante et surprenante

On retrouve chez le Chinois Momenta, une stratégie de développement totalement différente qui repose sur une gamme de produits intelligente et une collaboration osée.

La stratégie de croissance de Momenta repose sur une approche produit « à deux volets » aussi ingénieuse qu’efficace. D’un côté, Mpilot, une solution d’assistance à la conduite de niveau avancé, déjà prête pour une production de masse sur les véhicules particuliers. De l’autre, MSD (Momenta Self-Driving), un système de conduite autonome de niveau 4+, conçu pour propulser les flottes de robotaxis dans un avenir sans conducteur. Cette architecture repose sur une boucle de données vertueuse : les véhicules équipés de Mpilot nourrissent les algorithmes MSD avec des téraoctets de données issues du monde réel, améliorant sans cesse leurs performances. Résultat : chaque nouveau véhicule équipé alimente une croissance technologique exponentielle.

Mais derrière ce modèle se cache un autre enjeu : la mainmise sino-américaine sur la mobilité autonome de demain.

Alors que Tesla, Momenta, Pony.ai ou XPeng Motors accélèrent leur calendrier de déploiement pour 2026, l’Europe, elle, observe, réglemente… mais tarde à agir. Tesla prévoit des millions de Cybercabs d’ici fin 2026, uniquement pilotés par l’IA. Momenta, quant à elle, s’allie à Uber pour proposer des robotaxis dès 2026 dans plusieurs villes européennes, avec des conducteurs de sécurité pour commencer, puis en totale autonomie.

Ces services, pilotés depuis la Chine ou les États-Unis, viendront s’installer sur le territoire européen sans véritable réponse locale. Le paradoxe est frappant : les flottes autonomes en Europe pourraient bientôt rouler grâce à des systèmes d’IA formés à Shanghai, opérés depuis San Francisco, et hébergés sur des clouds non-européens.

Il est encore temps de réagir

Face à cette dynamique fulgurante, l’Europe doit rapidement créer des alliances technologiques stratégiques. Cela passe par des partenariats forts entre :

Les constructeurs européens (Renault, Stellantis, Volkswagen…)

Les startups européennes de deeptech (NAVYA, Valeo.ai, Innoviz, Zendar, etc.)

Les hébergeurs souverains (OVHcloud, Scaleway…)

Et les institutions publiques européennes, en soutien à une feuille de route commune.

Il ne s’agit pas de copier Tesla ou Momenta, mais de développer une alternative européenne crédible, intégrée, responsable et conforme aux valeurs du Vieux Continent.

Des synergies à construire dès maintenant

Cloud souverain + IA embarquée : L’association d’un OVHcloud ou d’un Gaia-X avec un acteur de l’IA embarquée (comme Prophesee ou Kalray) peut offrir une solution européenne 100 % conforme aux standards de souveraineté et de protection des données.

Constructeurs historiques + scale-ups d’IA : Des alliances entre groupes automobiles (Renault, Stellantis) et des jeunes pousses IA/robotique pourraient accélérer le déploiement de la conduite autonome européenne, avec des zones pilotes en Allemagne ou aux Pays-Bas.

Mobilité autonome + énergie verte : En couplant l’autonomie à une stratégie d’électrification propre (hydrogène, bornes intelligentes), l’Europe peut aussi prendre un coup d’avance sur la mobilité durable autonome.

2026 : le tournant stratégique

Avec un marché mondial estimé à 100 milliards de dollars d’ici 2030, l’autonomie automobile, le cloud et l’IA forment un triptyque stratégique. Si l’Europe ne veut pas en être réduite à un simple terrain de jeu pour les géants étrangers, elle doit agir vite. Les partenariats public-privé, les fonds européens et les projets communs sont à initier aujourd’hui, pas en 2027.

L’Europe n’a pas de retard technologique irrémédiable — mais elle risque un décrochage stratégique si elle reste passive.

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