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Plateformes : L’innovation prédatrice ou simplification positive ?

BY / F.D. / 8 MINUTE READ

Innovation

  • Nouvel acteur

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Les plateformes ont révolutionné notre quotidien en quelques années. Uber, Airbnb, Booking, Doctolib… elles s’imposent partout, jusqu’à faire disparaître certains modèles traditionnels. Mais cette transformation est-elle forcément positive ? Les plateformes facilitent-elles vraiment la vie des utilisateurs ou instaurent-elles une nouvelle forme de dépendance pour les professionnels ?

Dans cet article, nous décryptons les ressorts du succès des plateformes, leurs modèles économiques, les conditions favorables à leur émergence, et les conséquences – parfois douloureuses – qu’elles entraînent.

1. Pourquoi les plateformes rencontrent-elles un tel succès ?

Les plateformes ont toutes un point commun : elles apportent une réponse simple à un besoin complexe.

Les ingrédients de leur ascension :

  • Innovation facilitante : elles simplifient des tâches pénibles ou anxiogènes (réserver un taxi, trouver un médecin, choisir un logement).
  • Adoption virale : le besoin est répandu, la solution intuitive, l’usage s’impose rapidement.
  • Effet de réseau : plus il y a d’utilisateurs, plus la plateforme devient incontournable.
  • Domination rapide : les premiers arrivés prennent le marché grâce à la maîtrise des données.
  • Modèle lucratif : commissions de 10 à 30 %, sur des marchés massifs en BtoC.
  • Succès dans les marchés fragmentés : là où les vendeurs sont nombreux et isolés, la plateforme fédère.

2. Le terrain de jeu idéal : des vendeurs atomisés

Les plateformes d’agrégation prospèrent dans des secteurs où les vendeurs sont :

  • nombreux,
  • indépendants,
  • peu digitalisés.

Quelques excemples :

  • Restauration : Uber Eats, Deliveroo
  • Hébergement touristique : Airbnb, Booking
  • Librairies indépendantes : Amazon à ses débuts
  • Santé de ville : Doctolib

 

Dans ces contextes, la plateforme agit comme un agrégateur d’offre qui simplifie la recherche, la comparaison et l’achat, devenant un intermédiaire incontournable.

3. Quand la plateforme se heurte à des vendeurs puissants

À l’inverse, certains secteurs résistent à la plateformisation, notamment quand :

  • l’offre est concentrée,
  • la marque est forte,
  • le client s’engage fortement (risque, coût, confiance),
  • les canaux directs sont efficaces.

Exemple : l’aérien

Malgré l’existence de comparateurs comme Skyscanner ou Google Flights, les grandes compagnies (Air France, Emirates…) conservent une distribution directe forte.

// Réserver un vol reste simple sur le site de la compagnie. Mais trouver un bon resto ouvert ce soir dans un quartier inconnu ? Là, la plateforme devient indispensable.

4. Qu’est-ce qu’une plateforme d’agrégation ?

C’est un intermédiaire numérique qui :

  • centralise une offre dispersée,
  • simplifie la recherche,
  • capte la valeur en facturant des commissions ou des services.

 

Elle promet visibilité et simplicité, mais installe souvent une relation asymétrique, où l’indépendance du vendeur s’érode.

5. Deux grands types de plateformes

A. La plateforme captive (dominante en BtoC)

  • Le produit est présenté comme sur un site e-commerce.
  • La transaction se fait sur la plateforme.
  • Le paiement est perçu par la plateforme, qui reverse au vendeur.
  • Modèle de rémunération : commission sur la vente (10 à 30 %).
 

Exemples : Booking, Uber Eats, Glovo

 + Avantages : Visibilité, accès rapide au marché
– Risques : Perte de marge (voir notre article ici), dépendance, fidélité du client à la plateforme

B. La plateforme libre (souvent en BtoB)

  • Présente le prestataire, mais la transaction se fait directement.
  • La plateforme est un facilitateur, non un intermédiaire marchand.
  • Modèle : abonnement, paiement à l’opportunité ou simple mise en relation.

 

Exemples : Matxup, LeBonCoin, Indie Hackers, communs numériques

+ Avantages : Autonomie du vendeur, relation directe avec le client
– Risques : Moins de contrôle sur la transaction, monétisation moins immédiate

Les plateformes captives apparaissent dans un premier temps comme une véritable aubaine pour leurs clients, piégés par la suite par ce qui était une facilité.

6. Les effets pervers des plateformes captives

Les plateformes captives sont séduisantes au départ, mais peuvent devenir étouffantes :

  • Érosion des marges : commissions importantes, souvent non négociables.
  • Dépendance stratégique : la plateforme devient essentielle au chiffre d’affaires.
  • Perte de la relation client : le client est fidèle à la plateforme, pas au vendeur.
  • Difficile de s’en affranchir : sortir d’une plateforme, c’est risquer une perte immédiate de trafic.

 

C’est une forme de sous-traitance de la relation commerciale.

7. Opportunité ou piège pour les professionnels ?

Pour les petits commerçants, artisans, restaurateurs ou praticiens, la plateforme offre une entrée express sur le marché :

  • Pas besoin de site web, de SEO, ni de pub.
  • L’accès à des clients ciblés est immédiat.

 

Mais ce confort initial peut se transformer en addiction commerciale. Et une fois dépendant, il est difficile de reprendre la main.

8. Quels secteurs sont vulnérables à une future plateformisation ?

Une plateforme d’agrégation peut émerger quand :

  • le marché est atomisé (ex. artisans, professions libérales),
  • l’offre est opaque ou complexe (ex. soins spécialisés, dépannage),
  • la marge permet un partage (ex. restauration, tourisme),
  • le client est pressé, stressé ou mal informé,
  • la visibilité détermine le succès (comme dans l’hôtellerie ou la santé).

Le risque qu’une activité soit « victime » d’une plateforme « prédatrice » dépend principalement de deux caractéristiques du marché qu’il occupe :

  • Atomisation du marché
  • Marges

Lorsque le marché est fortement atomisé et que les marges sont suffisantes pour payer la plateforme, vous pouvez vous attendre à voir apparaître une plateforme.

9. Conclusion : innovation utile ou prédatrice ?

Les plateformes ne sont pas intrinsèquement mauvaises. Elles créent une valeur réelle, mais en capturent une part croissante et imposent souvent leurs règles.

Leur double visage est clair :

  • Pour le client : simplicité, efficacité, gain de temps.
  • Pour le vendeur : dépendance, perte de marge, uniformisation.

 

Alors, innovation prédatrice ou simplification positive ? Tout dépend du rapport de force.

Le vrai défi pour les professionnels : ne pas subir la disruption, mais apprendre à s’organiser, coopérer ou même créer leur propre plateforme.

La meilleure défense reste l’innovation, mais l’innovation. Une innovation à combiner avec une capacité à faire adopter le nouveau produit.

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