
BY / F.D. / 6 MINUTE READ
Retrouver ses qualités perdues
On pense souvent que l’innovation échoue faute de moyens, de technologies ou de talents. Mais il y a un obstacle plus insidieux, plus discret, et infiniment plus répandu : l’absence de curiosité. C’est ce vide d’intérêt pour ce qui est nouveau, différent, non conforme — qu’on retrouve autant chez les décideurs que chez les clients. Alors on bricole des rustines comme la preuve sociale, pour rendre les idées acceptables. Et si on s’attaquait enfin au vrai problème ?
On se gargarise d’innovation. On en fait des slogans, des séminaires, des hackathons. On crée des “labs”, des “startups internes”, des “boîtes à idées”…
Mais dès qu’une idée vraiment nouvelle arrive, les réactions sont souvent les mêmes :
“Ce n’est pas prioritaire.”
“On a toujours fait comme ça.”
“C’est intéressant… mais est-ce que d’autres l’ont déjà fait ?”
Traduction : on ne sait pas quoi en faire, et surtout… on n’a pas envie de creuser.
Le manque de curiosité en entreprise ne vient pas d’un manque d’intelligence. Il vient d’un environnement qui ne la favorise pas :
Résultat : la nouveauté est souvent perçue comme un coût, pas comme une opportunité.
Les clients ne sont pas plus curieux.
Ils veulent de la nouveauté, à condition qu’elle ressemble à ce qu’ils connaissent déjà.
Ils veulent :
En résumé, des résultats mais pas d’implications.
Et pour ne pas avoir à explorer par eux-mêmes, ils attendent qu’on leur montre que “tout le monde le fait déjà”. La fameuse preuve sociale.
La preuve sociale, c’est ce réflexe mental : “Je ne comprends pas encore, mais si d’autres l’ont adopté, c’est que c’est OK.”
Elle est devenue un pilier du marketing moderne :
Elle permet de faire passer une innovation malgré le manque de curiosité. Mais elle ne résout rien en profondeur. Elle contourne. Elle rassure. Elle évite l’effort d’attention.
Et c’est peut-être là notre plus grande faiblesse : nous avons industrialisé la validation par les autres… au lieu de valoriser la découverte personnelle.
Pourquoi n’a t-on pas choisi de travailler les méthodes qui titillent la curiosité ?
On parle trop peu de la curiosité comme compétence-clé.
Elle ne fait pas partie des indicateurs de performance. Elle ne figure pas dans les fiches de poste. Mais sans elle, aucune idée ne passe le cap du regard.
Réhabiliter la curiosité, c’est :
Car c’est dans le “tiens, c’est bizarre…” que naissent les plus grandes découvertes.
Workshop « Innovation »
Lors d’un de nos ateliers « innovation », notre groupe a imaginé un Device qui permettrait grâce à l’iA et la réalité augmentée (ou plutôt la projection augmentée) de faire prendre conscience à chacun d’entre nous ce que pourrait nous apporter telle ou telle nouveauté que l’on rencontre.
Prenons l’exemple d’un restaurant nouvellement ouvert : vous regardez la façade et l’iA vous projette dans ce que pourrait être l’univers de ce nouveau chef, elle vous explique qu’il commande ses ingrédients en baie de somme auprès de petits producteurs, que ses ancêtres lui ont enseigné le goût des bons produits, que la façade et la décoration de la salle, de par sa sophistication, montrent son goût pour les détails et les choses bien faîtes. Que l’on peut donc raisonnablement tenter l’expérience dans ce restaurant sans avoir besoin d’avis de consommateurs.
Ce device n’a pas vocation a être utilisé au jour le jour mais à aider les « patients » à retrouver leur curiosité perdue.
Nous vivons dans un monde saturé d’innovations technologiques. Mais si la curiosité ne suit pas, ces innovations ne servent qu’à reproduire l’existant en plus rapide, plus connecté, plus « smart ».
L’enjeu n’est donc pas de faire plus de nouvelles choses. C’est de créer des sociétés (et des entreprises) plus ouvertes à la découverte.
Pas seulement pour « réussir ».
Mais pour redevenir des humains attentifs, éveillés… et un peu plus libres, retrouvons nos qualités d’enfants.
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