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Créer des solutions
Dans un monde qui valorise la rapidité, la facilité, la performance et les méthodes éprouvées, la tentation est grande d’adopter des solutions préconçues pour résoudre des problèmes complexes. Pourtant, cette approche « copier-coller » s’avère souvent contre-productive, voire dangereuse. Les problèmes que nous affrontons aujourd’hui sont de plus en plus systémiques, enracinés dans des contextes humains, culturels, technologiques et écologiques singuliers. Arrêtons avec les recettes, explorons.
L’industrie du conseil et du management est friande de « bonnes pratiques ». Pourtant, décontextualiser une solution, aussi brillante soit-elle dans son environnement d’origine, revient souvent à la vider de son efficacité. Une méthode agile dans une startup peut devenir contre-productive dans une administration publique. Une stratégie marketing qui fonctionne à New York peut paraître intrusive à Tokyo.
La solution toute faite est souvent séduisante car elle promet un gain de temps. Mais le temps « gagné » est souvent perdu en corrections, tensions, ou échecs à moyen terme. A contrario, les solutions émergentes, co-construites, négociées, sont plus lentes à émerger mais plus résilientes et acceptables.
Les vrais problèmes sont rarement simplement techniques : ce sont des nœuds de représentations, d’intérêts, d’histoires. La solution ne peut pas être imposée de l’extérieur. Elle émerge de l’écoute, de la discussion, de l’itération. Cela suppose de renoncer à l’omnipotence du « sachant », de l’expert pour créer les conditions d’un véritable travail collectif. (Profitez de notre solution Brain Collective pour résoudre des problèmes complexes).
Le local n’est pas un obstacle à l’innovation globale, c’est son terrain d’ancrage. Comprendre les usages, les croyances, les contraintes réelles d’un contexte est indispensable pour concevoir une réponse opérante. La bonne question à se poser n’est pas : « Quelle solution ailleurs pouvons-nous importer ? » mais : « Que dit le problème de ce lieu, de ces gens, de cette époque ? »
Dans une époque incertaine, les capacités qui comptent sont la curiosité (voir notre article, le plus grand frein à l’innovation), l’observation, le prototypage, le droit à l’erreur et l’apprentissage collectif. Créer une solution sur-mesure, c’est aussi renforcer l’autonomie des personnes et des organisations. Cela transforme la posture : de consommateur de solutions, on devient auteur de changement.
Dans un monde en mutation, il n’y a plus de mode d’emploi universel. Apprendre à penser par soi-même, à s’ancrer dans le réel et à concevoir des réponses situées est la vraie compétence stratégique du XXIe siècle. Plutôt que chercher la bonne solution, apprenons à mieux poser les questions.
1. McDonald’s en Bolivie : l’incompréhension culturelle totale
McDonald’s a quitté la Bolivie en 2002, après des années de pertes. L’enseigne n’a pas su comprendre que les Boliviens valorisent la cuisine maison, le temps du repas, et la dimension communautaire de l’alimentation. L’arrivée du fast-food a été perçue comme une intrusion capitaliste, froide et déconnectée de la culture locale.
2. Walmart en Allemagne : choc culturel et logistique
Le n°1 mondial de la grande distribution a quitté l’Allemagne après 8 ans d’échecs. Walmart a imposé des pratiques américaines (salutations forcées, politique salariale, logistique centralisée) à un public et à des salariés peu réceptifs. La greffe n’a jamais pris.
3. Target au Canada : trop vite, trop américain
L’enseigne de distribution a ouvert plus de 100 magasins sans comprendre les attentes ni préparer une logistique adéquate. Résultat : rayons vides, méfiance des clients, pertes massives. En deux ans, Target a dû se retirer du marché canadien.
4. Home Depot en Chine : le bricolage ne se délocalise pas
Le modèle DIY de Home Depot repose sur une culture américaine du « faire soi-même ». En Chine, les consommateurs préfèrent le « faire faire ». L’offre était déconnectée des pratiques réelles. Home Depot a fermé tous ses magasins en Chine.
5. Renault Logan en Inde : le low-cost mal perçu
La Logan, voiture robuste et peu chère, a bien fonctionné en Europe de l’Est, mais en Inde, elle a été jugée trop rustique. Les consommateurs indiens, très sensibles à l’image et au prestige social du véhicule, l’ont boudée. (voir notre article innovation disruptive)
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