Monter mon restaurant à Barcelone ! Une aventure de fou...​

Auteur

"Un voyage au coeur de l'entreprenariat"
Clara, Sourcer
Clara
Sourcer
Monter son restaurant à Barcelone, histoire de business

Interview, monter un restaurant

Vous pouvez vous présenter ?

Je m’appelle Rachida, je suis mariée et j’ai 2 enfants, des études dans la communication pour moi, mon mari en management. A l’époque, il avait déjà créé 2 boîtes, une dans la Food (Thaï en livraison, déjà en 95…) et une agence de Design en 2000 à Lille. J’étais un de ses clients. Rire…

Comment vous êtes-vous retrouvés à Barcelone

On a commencé à travailler ensemble et la crise de 2008 nous a poussés à nous réinventer, tout ce que l’on avait créé a commencé à piquer du nez, on voulait se relancer, on adorait Barcelone, on y passait toutes nos vacances, on était très inspirés par la créativité de la ville, c’était fou. Alors on s’est dit “allez on plie bagage et on y va, nos enfants avaient 15 mois et 3 ans, c’était facile”

On est en février 2012.

Comment s’est passée votre arrivée ?

Après plusieurs séjours pour trouver un appart, obtenir un DNI (carte de résident) et ouvrir un compte en banque, on débarque en février avec une voiture pleine. Et bien sûr, notre fille a une fièvre de cheval le dimanche, dans le grand bain tout de suite. Direction, hôpital des Enfants (hospital dels Nens, carrer Diputacio).

Durant les premiers mois, on continue à travailler avec la France et on réfléchit à l’avenir

C’est en été 2012, que j’ai eu l’idée du California Fast Food, monter un restaurant à l’étranger pouvait paraître dingue. Nous arrivions à Barcelone et travaillions à distance avec la France. Nous désirions créer un business sur place, un truc Cool (c’est très con, rien de moins cool qu’un resto… et mon mari l’avait oublié). On avait plusieurs idées mais certaines demandaient des capitaux que l’on n’avait pas. En faisant le tour de la ville, nous avons tout de suite remarqué que la cuisine Californienne (fraîche, goûteuse, d’inspiration mexicaine, des salades, des tacos, des burritos) était totalement absente et que les expatriés étaient nombreux. La ville est cool, c’était parfait.

 

L’idée nous est apparue comme une évidence.

Comment s’est passée votre arrivée ?

Un peu sans filet, les opportunités de rencontrer des gens se sont faîtes lors de nos multiples séjours, une personne à l’accueil d’un hôtel est devenue notre guide pour la recherche du local. Indispensable quand on a un niveau d’espagnol scolaire et que l’on n’est pas autochtone.

C’est vrai que trouver un partenaire localement ça ne s’improvise pas.

 

On a fait cela un peu au petit bonheur la chance, ce qui nous a couté vraiment beaucoup à certains moments, j’y reviendrai plus tard, on va suivre le fil… même si ce type de mauvaises rencontres nous a coûté très cher, très vite.

En parallèle de la recherche de locaux, il fallait trouver un Expert comptable (Assesoria) pour créer l’entreprise et mettre en place le légal. On est allé sur internet et on a pris le premier qui parlait français. Idée géniale… on le verra plus tard. Franchement, arrêtons de croire que Google est la solution à tous, c’est surtout des solutions rapides un peu comme le resto à l’entrée de la ville, dans le centre commercial, c’est accessible, pas terrible, on le trouve rapidement mais c’est tout, la solution de facilité.

Il nous a quand même fait nos papier, fait payer une boîte pré-créée, 3000 euros, quand on n’y connait rien, on fait vraiment des conneries, avec le temps, on a appris que démarrer de zéro ça n’a rien de compliqué et ça coûte 500 balles. Mais bon…

Pour la Banque, on est bien tombé, la Sabadell, nos interlocuteurs ont toujours été très bien, je ne sais pas si c’est partout comme ça mais cela n’a jamais été un problème

A quoi ressemble le quotidien du créateur de restaurant ?

On est en pleine recherches de locaux, on prend des cours d’Espagnol tous les matins pendant un mois.

Attention, ici ils aiment les licences, il faut une licence pour tout et donc une pour faire un restaurant, ça se crée (dans les quartiers où tout est à faire…) ou ça s’achète, très cher, ailleurs.

Notre temps est pris par le sourcing,

Fournisseur de produits frais

Fournisseurs de sauces

Fournisseurs de produits mexicains

Fournisseur de viande

Fabricant de viandes cuisinées (on faisait faire nos viande sous vide)

Fournisseurs de packaging (Bol, Sacs etc)

Fournisseur de mobilier pour restaurant

Fournisseurs de mobilier de cuisine professionnel

Prestataire pour dépôt de licence et plans techniques.

Architecte pour dépôt plan mairie

Entreprise aménagement de locaux commerciaux

Machine à jus

Machine à Café

Créateur du Site Web

Fournisseur de système de caisse connectée

Fournisseur de t shirt, tabliers  et casquettes pour les employés.

Éléments de déco personnalisés.

Artiste pour fresque

Chef pour créer les recettes

Assurance

Personnel

etc.

En parallèle de tout cela, il fallait avancer sur la création, le nom, les documents administratifs, la com de départ.

On ne chômait pas. Surtout que les outils de recherche sont un peu limités en général,  quand ce n’est pas votre domaine. Alors Google, mais comme dit auparavant, l’urgence, mais par principe vos recherches sont bridées par vos connaissances du sujet, et du temps que vous y passez. 

En passant beaucoup de temps, on avance, mais par principe, vous ne trouverez jamais ce que vous ne savez pas qui existe.

Alors on choisit souvent à défaut, manque de choix, de temps. C’est dommage. On s’aperçoit plus tard que ce que vous cherchiez existait et que ces personnes cherchent des clients comme vous sans les trouver. 

Nos choix doivent rentrer dans les budgets, on avance, on fait des concessions.

On entrevoit une ouverture pour l’été 2013.

C’est là que vos erreurs de choix commencent à peser, le prestataire pour le dépôt de votre licence s’avère ne pas savoir faire. On prend du retard. Les factures, elles, ne prennent pas de retard, la trésorerie se vide.

Il faut ouvrir, il n’y pas le choix, on ne peut plus attendre, malgré le loyer négocié pour trois mois de travaux. On doit payer le premier en juillet.

Alors quel est votre conseil ?

Être bien entouré par des fournisseurs qui comprennent ce que vous vivez, c’est primordial. Avoir un bon délai de paiement vaut souvent mieux qu’un prix bas payé Cash. Surtout au début, la trésorerie, c’est le nerf de la guerre. Tant que vous avez de l’argent, ça continue même si les clients se font attendre alors que sans argent avec une salle bondée, on s’arrête, il n’y pas le choix.

Vous allez me dire que si la salle est bondée, on a de l’argent ?!  Et non, c’est ça le miracle de la création d’entreprise et de la croissance…

Avoir un bon délai de paiement vaut souvent mieux qu’un prix bas payé Cash.

Comment s’est passée votre ouverture ?

On est début juillet et les factures s’accumulent, il faut ouvrir, on est dans un quartier d’affaires, on sait que ce n’est pas le moment mais on n’a pas le choix. On prévient tout le monde, les livraisons arrivent, les factures aussi de ce fait.

On trouve 3 employés, on est prêts, on peut décider de la date d’ouverture. Ce sera le 4 août, un samedi, on ne voulait pas se faire déborder le premier jour car un client déçu met des mois à revenir et comme les gens bossent dans le quartier, on doit fidéliser.

On reçoit les palettes de packaging, les viandes et… surprise, elles sont à 15°C, ça commence bien, au moins elles étaient fraîches…

Comment s’est passée votre ouverture ?

Bowl matxup

D’abord, personne, mais vraiment personne, on ne panique pas, on est samedi. On avait décidé d’ouvrir de 10 h à 24h. La journée est très calme. On est loin d’être débordés. C’est ce qu’on voulait mais là c’était vraiment pas terrible. 

Puis vient la soirée et là ça démarre. Ouf…

Quelques produits proposés par TacoLove

Des chiffres ?

Bah, je ne me souviens pas exactement mais c’était pas énorme, je dirais 30 personnes, c’était déjà pas mal pour nous. On était contents.

Surtout que durant le mois, c’était plutôt pas mal et en septembre aussi puis la descente vers l’hiver a été très difficile, 6 mois avec des chiffres minables, mais des clients très fidèles. Notre espoir.

Durant cette période mon beau père est décédé, on n’était pas là. C’est dur. Monter un restaurant à l’étranger, c’est aussi beaucoup de concessions avec la famille.

Vraiment, hiver à oublier.

Puis c’est reparti en mars. mais la trésorerie était exsangue, les problèmes de licence toujours pas réglés, il faut la refaire et … repayer. Avec la peur du contrôle et de la fermeture administrative…

On y croit toujours mais c’est difficile.

On mettra 2 ans pour rattraper nos pertes et envisager d’avancer, d’investir.

Entre deux, nos mauvais choix de prestataires nous ont coûté beaucoup. 

Le Comptable a fait erreurs sur erreurs, payées cash parfois (11 000 euros à rembourser en TVA car déclaration mal faite..).

On perd un an de plus avec la peur de se faire redresser sur d’autres sujets que le nouvel Expert Comptable remarque.

Sorti de ces trois années, on stabilise durant 2 ans et on imagine le développement.

On était à 2 doigts de monter deux nouveaux points de vente en 2019, « heureusement » les locaux étaient introuvables et 2020 est arrivé…

Qu'est ce que vous feriez différemment aujourd'hui ?

Ce n’est pas de la flagornerie mais j’irais sur Matxup pour faire mes sourcing, créer une vraie brigade de fournisseurs. L’avantage de la solution, c’est que vous exprimez ce que vous voulez, et que des prestataires peuvent répondre strictement à votre réponse, ou vous proposer des alternatives que vous n’auriez pas imaginées.

C’est tellement plus simple de dire ce que l’on veut, c’est rapide, pendant ce temps vous avancez sur d’autres sujets. Plutôt que de se mettre dans la tête d’un fabricant de packaging pour le chercher sur Google où il n’est pas ou mal référencé. De toutes les façons, les meilleurs fournisseurs sont souvent cachés, ils investissent leur temps et leur argent dans leurs produits et pas en marketing.

C’est certain le sourcing, c’est ce qui fait votre produit, un bon sourcing c’est 80 % de la réussite. 

 

C’est beaucoup de temps gagné sur l’exécution. On va 3 fois plus vite.

Est ce que vous faisiez du sourcing une fois lancés ?

Oui, d’autant plus qu’il faut rattraper les erreurs du départ, changer de prestataires car vos quantités de commandes augmentent et qu’il faut changer et s’améliorer.

Vous faites quoi désormais ?

On a vendu en 2020, tout était arrêté, les bureaux fermés; sans date de reprise, sans aide; en Espagne, on n’avait pas vraiment le choix. on est revenu en France, là après quelques mois de salariat, je suis sur un nouveau projet dans le textile… et je suis consultante en restauration. D’ailleurs mon futur projet est toujours en lien avec la food…

Stop, stop, stop, On fera un nouvel article sur le lancement, en live ce serait cool. Vous êtes partante ?

Carrément, façon “Startup” de Gimlet, le PODCAST d’Alex Blumberg ? J’adorerais.

Ok, on prend rendez-vous et Merci pour la transparence.

FAQ

Quel est le plus gros risque lors de la création d'un restaurant ?

Un mauvais emplacement, des marges trop basses.

Faut-il toujours tirer les prix au plus bas ?

Il n’y a pas de miracle, on vous en donne toujours pour votre argent… à vous d’en tirer les conclusions.

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